The Monthly Review : Les “stories” du mois de février
- 04 Mars 2025 (5 min)
En bref
Les Dix Fantastiques détrônent les Sept Magnifiques.
Attentiste, la Fed laisse ses taux d’intérêt inchangés, l’inflation dans son viseur.
Signature d’un accord mondial sur l’avenir de l’IA, sans les États-Unis.
Temps forts
Les tigres asiatiques rugissent
Les géants technologiques asiatiques, connus sous le nom de « Terrific Ten » (les Dix Fantastiques), défient les Sept Magnifiques en termes de performance boursière. À Hong Kong, l’indice Hang Seng bondit de près de 20 % (YTD), devançant le Nasdaq. Le lancement de la plateforme chinoise d’IA, DeepSeek, a amorcé les prémices du rebond. La dynamique s’est ensuite accélérée lorsque Tencent, géant chinois du multimédia, a adopté la technologie IA de DeepSeek, abandonnant le projet de développer un modèle en interne. Apple a en outre fourni une impulsion supplémentaire en signant un accord visant à intégrer l’intelligence artificielle du géant de l’e-commerce, Alibaba, dans tous les iPhones vendus en Chine.
Déclarations de la Fed
La politique de taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) est désormais à l’arrêt, la Fed exigeant de « nouvelles avancées sur le front de l’inflation » avant de procéder à de nouvelles baisses. Les gouverneurs de la Fed mettent en garde contre l’effet potentiellement inflationniste des droits de douane et de la politique en matière d’immigration. Au vu de ces déclarations, certains économistes s’attendent à voir les taux américains rester durablement plus élevés, malgré les signes de ralentissement de la croissance. À l’inverse, la Banque centrale européenne devrait à nouveau abaisser les taux en mars, tandis que la Banque du Japon devrait encore relever les taux au regard des données plus solides sur le front de la croissance et de l’inflation. Entre-temps, les achats des banques centrales ont successivement propulsé l’or à des plus hauts, preuve que l’orientation de la politique du gouvernement américain inquiète.
L’IA en ordre de marche
Le président Macron a convié des Chefs d’État et des dirigeants d’entreprise de la technologie du monde entier à Paris à l’occasion d’un Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA). Les discussions ont porté sur des enjeux cruciaux, tels que l’impact de l’IA sur la démocratie et l’environnement, la manipulation de l’information et la cybersécurité. Le président a promis plus de 100 milliards d'euros pour financer le développement de l'IA en France. Malheureusement, les États-Unis n’ont pas signé l’accord final. De son côté, Elon Musk a lancé une offre de 97,4 milliards de dollars sur OpenAI, société ayant créé ChatGPT. Son fondateur, Sam Altman, a rejeté l'offre, suggérant qu'il devrait racheter X (anciennement Twitter) à Musk à la place.
Revers pour la gouvernance responsable
Aux États-Unis, les nouvelles directives de la Securities Exchange Commission (SEC) imposent des exigences plus strictes aux gérants d’actifs qui cherchent à influencer la conduite des entreprises par le biais du vote par procuration ou de l’engagement direct, une forme courante de gouvernance des entreprises. La décision de la SEC s’inscrit dans un objectif plus large visant à limiter le pouvoir exercé par les plus grands gérants d’actifs. Ces nouvelles directives ont brièvement incité les géants de l’investissement passif, BlackRock et Vanguard, à annuler leurs réunions alors qu’ils mettent sur pause leur activité d’engagement. Autre coup porté à l’investissement ESG, la SEC a annulé une décision de 2021 permettant aux investisseurs de proposer des résolutions environnementales et sociales plus ambitieuses lors des assemblées générales annuelles des entreprises.
À suivre
Depuis l’investiture du président Trump, les actions européennes surperforment leurs homologues américaines, portées par l’espoir de voir le conflit en Ukraine prendre fin et par l’absence, pour le moment, de droits de douane américains plus élevés. Malgré l’amélioration de la conjoncture économique, la poursuite de cette surperformance pourrait largement dépendre de facteurs exogènes, tels que ceux susvisés.
En Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate et le Parti social-démocrate, que tout oppose (fiscalité, réglementation et dépenses sociales), vont devoir former une coalition difficile. La nécessité de s’attaquer au « frein à la dette » de l’Allemagne, afin d’augmenter les dépenses dans la défense, pourrait être abordée avant même la formation d’un nouveau gouvernement fin mars.
Les enquêtes de sentiment aux États-Unis seront surveillées de près, l’enquête mondiale sur les services de S&P du mois de février signalant une contraction, une première en deux ans. Pendant ce temps, l’indice de confiance des consommateurs compilé par l’Université du Michigan a chuté à son plus bas depuis 15 mois en février, suggérant que la menace d’une hausse des prix pourrait toucher les consommateurs américains.