
Close Look: Besoin irrépressible de liquidités
- 25 Février 2025 (5 min)
Besoin irrépressible de liquidités, un réflexe inconscient ?
Ces dernières années, les investisseurs ont accumulé d’énormes quantités de liquidités, aussi bien dans les comptes d’épargne que dans les produits à terme. En 2024, quelques 925 milliards de dollars ont afflué dans les fonds monétaires aux États-Unis, portant le total de leurs actifs monétaires à 6 900 milliards de dollars, un record absolu, alors même qu’avec la baisse des taux d'intérêt, cette épargne rémunère moins. Alors pourquoi les investisseurs choisissent-ils de placer leur argent sur des supports peu rémunérateurs, alors que d’autres solutions plus rentables existent ailleurs ? La réponse pourrait venir des biais comportementaux. Ces réflexes inconscients, ancrés dans le cerveau humain, peuvent nous conduire à prendre des décisions irrationnelles. Intéressons-nous à l’échantillon ci-dessous.
Les psychologues ont identifié plus de 150 biais comportementaux pouvant influencer nos décisions. Ces tendances, qui font intrinsèquement partie de la nature humaine, sont particulièrement marquées en période de stress. Et elles peuvent jouer un rôle puissant dans le domaine de l'investissement. Par exemple, en période de volatilité des marchés, les investisseurs peuvent céder à la panique. Ils envisagent le pire et vendent leurs participations après la chute des marchés. Ou alors, ils passent à côté des replis du marché en n’achetant pas avant la reprise. Sous l’emprise de pensées irrationnelles, les investisseurs oublient leurs objectifs à long terme et font les mauvais choix.
Le biais comportemental le plus puissant ici est sans doute l’aversion aux pertes, ce qui lui a même valu le nom de « kryptonite de l’investissement ». Des études ont montré que les investisseurs ressentent la douleur d’une perte bien plus intensément que le plaisir lié à l’obtention d’un gain équivalent. Défiant toute logique, ils feront alors tout pour ne pas revivre cette douleur en optant pour les liquidités, valeur refuge à toute épreuve, même si ce placement est moins rémunérateur. Qui plus est, les professionnels de l’investissement tiennent un discours qui, loin de rassurer, incite au contraire à prendre des risques pour gagner de l’argent.
D’autres biais peuvent également expliquer en partie cette montagne de liquidités accumulées dans les fonds monétaires. Citons notamment le biais de confirmation qui consiste à chercher des informations qui corroborent une première impression, même irrationnelle. Ce biais agit comme une caisse de résonance. Le biais d’ancrage pousse les investisseurs à accorder trop d’importance à la première information qu’ils reçoivent, réfutant toute logique étayée par d’autres preuves. Enfin, le biais moutonnier consiste à prendre des décisions en fonction des tendances les plus répandues, en obéissant en réalité à la dynamique de masse.
Les investisseurs professionnels, tels que les gérants de fonds, se garderont de céder à ces biais comportementaux en s’appuyant sur des processus rationnels lorsqu’ils analysent les perspectives de leurs investissements. Ainsi, ils se prémuniront contre les biais de récence, parmi bien d’autres. Ce biais, assez répandu sur les marchés financiers, pousse à ne regarder que les événements récents, en faisant fi des événements historiques. Ce biais incite certains investisseurs à davantage privilégier la performance à court terme qu’à long terme lorsqu’ils évaluent la performance future d’un actif. Un comportement, qui après analyse, va à l’encontre du bon sens.
Le regard d’AXA IM Select
Les biais comportementaux peuvent nous conduire à faire des choix de vie et, accessoirement, à prendre des décisions d’investissement qui, à y regarder de plus près, échappent à toute logique. Nos décisions en matière d’investissement peuvent être influencées par toute une série de biais qui nous privent souvent de rendements plus élevés au fil du temps, l’aversion aux pertes étant sans doute le plus puissant d’entre eux.
Si les conditions se sont améliorées depuis la pandémie et la bulle de l’inflation, l’incertitude plane toujours. Néanmoins, les fondamentaux économiques semblent favorables et les économistes d’AXA IM s’attendent à ce que la croissance mondiale reste supérieure à 3 % cette année. Pour autant, les performances économiques pourraient diverger d’une région à l’autre.
L’exceptionnalisme américain nous semble parti pour durer sur le marché actions. Que les investisseurs préoccupés par les valorisations stratosphériques dans les technologies se rassurent : l’amélioration de la croissance des bénéfices devrait se propager à un éventail plus large de secteurs et bénéficier également aux petites entreprises. Au sein de la classe d’actifs obligataire, notre préférence va aux obligations mondiales à haut rendement. Ces actifs ont bénéficié de l’environnement de croissance favorable et de faibles taux de défaut et jouissent de niveaux de performance plus élevés.
Dans l’ensemble, cette année encore, gestion active et diversification des portefeuilles nous semblent être la stratégie la plus sensée à adopter.