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Impact de la victoire de Trump sur les marchés : perspectives et stratégies d'allocation


Que s'est-il passé ?

Malgré des sondages au coude à coude, Donald Trump a remporté une victoire décisive à l'élection présidentielle américaine. Son parti républicain s'est assuré le contrôle du Sénat et semble en passe de conquérir la Chambre des représentants (House of Representatives), lui conférant ainsi les leviers nécessaires pour mettre en œuvre son programme politique.

Le programme économique de Trump

Le programme économique s'articule autour de quatre axes : politique douanière, immigration, fiscalité et dérégulation.

  • Politique douanière - Trump s'est engagé à instaurer une taxe supplémentaire de 10 % sur l'ensemble des importations, portée à 60 % pour les produits chinois. Cette mesure risque d'alimenter l'inflation américaine en créant un choc d'offre, tant pour les entreprises que pour les consommateurs, et pourrait, à terme, peser sur la croissance économique.
  • Politique migratoire - Une mise en œuvre rapide des restrictions migratoires et des expulsions risquerait d'entraîner un choc sur l'offre de main-d'œuvre, avec pour conséquence probable une hausse de l'inflation et un ralentissement de la croissance.
  • Allègements fiscaux - Le programme prévoit la prolongation des baisses d'impôts au-delà de 2025 et une réduction de l'impôt sur les sociétés. Ces mesures, financées par l'emprunt, pourraient stimuler la croissance mais risquent également de raviver l'inflation tout en creusant la dette publique et le déficit budgétaire.
  • Assouplissement réglementaire - Cette politique ciblera des secteurs spécifiques. Dans l'énergie, l'appel de Trump à "exploiter sans limite" les ressources pétrolières et gazières pourrait entraîner une baisse des prix des carburants. Le secteur bancaire pourrait également en bénéficier, sous réserve des décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le secteur de l'intelligence artificielle (IA) figure aussi parmi les priorités, ce qui pourrait soutenir sa rentabilité.

Quelle position pour la Fed ?

Bien que la mise en œuvre du programme Trump puisse prendre du temps, son caractère inflationniste pourrait amener la Fed à revoir à la baisse ses projections de baisse des taux pour 2025. Les économistes d'AXA IM anticipent deux baisses de taux de 25 points de base - en décembre puis en mars - suivies d'une pause permettant d'évaluer l'impact des politiques républicaines. Selon leurs prévisions, les effets sur la croissance (ralentissement) et l'inflation (accélération) ne se matérialiseraient qu'en 2026, compte tenu des délais de mise en œuvre.

Après la baisse de 25 points de base décidée en novembre, Jerome Powell, président de la Fed, a été formel : la banque centrale ne tiendra compte des nouvelles orientations politiques qu'une fois celles-ci effectivement mises en œuvre. "Nous ne faisons ni hypothèses, ni spéculations, ni projections", a-t-il précisé. Interrogé sur le pouvoir du président américain de démettre le président de la Fed - une menace précédemment évoquée par Trump - Powell a rappelé que la loi ne l'autorisait pas.

Point de vue d'AXA IM Select

Réaction des marchés

Les marchés ont réagi conformément aux anticipations. Le dollar s'est raffermi tandis que les actions américaines surperformaient, notamment face aux marchés européens et émergents. Sur le marché actions américain, les petites capitalisations, le secteur financier et les valeurs de croissance se sont distingués. Les taux des bons du Trésor américain se sont tendus, le rendement à 10 ans atteignant 4,44 % dans un contexte de révision à la baisse des anticipations de baisse des taux pour 2025. Les obligations à haut rendement ont surperformé, contrairement aux obligations émergentes.

Notre analyse

Les politiques de Trump pourraient favoriser les entreprises américaines au détriment de leurs homologues internationales, renforçant potentiellement la surperformance des actions américaines. L'Europe fait face à des défis supplémentaires avec l'annonce d'élections anticipées en Allemagne et des déséquilibres budgétaires persistants.

Stratégie d'allocation

Notre positionnement reste neutre sur les actions mondiales, compte tenu des valorisations élevées et du risque croissant de stagflation, encore insuffisamment intégré par le marché.

Suite aux résultats des élections américaines, nous avons décidé, lors de notre comité d'investissement, de privilégier le marché américain en surpondérant les actions américaines tout en sous-pondérant l'Europe et les marchés émergents.

Nous maintenons une position neutre sur la dette souveraine, les valorisations devenant progressivement plus attractives par rapport au monétaire. L'absence de signaux d'un ralentissement imminent aux États-Unis nous conduit à conserver notre surpondération sur les obligations à haut rendement, soutenues par des taux de défaut contenus et une politique monétaire accommodante.

Notre positionnement demeure neutre sur les autres classes d'actifs, le financement de notre exposition aux obligations à haut rendement s'effectuant via le monétaire et les stratégies alternatives.

Une attention particulière sera portée aux marchés obligataires mondiaux et à leur influence sur les primes de risque des différentes classes d'actifs. Nos positions seront naturellement réévaluées à mesure que se préciseront les contours de la politique de la nouvelle administration.