Qu’est-ce qui a effrayé les marchés ?

Octobre, le mois d’Halloween, a donné quelques sueurs froides aux marchés. Cinq éléments sont à mettre en cause.

1. La Réserve fédérale américaine (Fed) a modifié son discours et évoqué une position plus « restrictive ». Elle conforte donc ses prévisions de quatre relèvements de taux d’intérêt au cours des douze prochains mois et tire nettement un trait sur sa politique de crédit facile. Le président Trump a déclaré que la Fed était « sa plus grande menace », tandis que le gouverneur Jay Powell s’efforce de garder la banque centrale américaine « détachée du processus politique ».

2.La politique monétaire n’a jamais été restrictive au cours des 10 années qui ont suivi la fin de la crise financière. Le rythme des relèvements des taux d’intérêt de la Fed n’a pas été intégré dans les prévisions des marchés, qui ont été forcés de s’y ajuster. Dans ce contexte, le rendement des obligations du Trésor américain a également progressé, dépassant le seuil des 3 %, qui semblait infranchissable sur l’essentiel des cinq dernières années. Lorsque les rendements progressent, les cours des obligations baissent.

3. Les hausses de taux d’intérêt ont également affecté les marchés actions, ce qui a amené les analystes à revoir à la baisse leurs objectifs de valorisations d’actions. Pour ne rien arranger, plusieurs grandes sociétés aux États-Unis et dans la zone euro ont averti qu’elles prévoyaient une baisse de leurs marges bénéficiaires, conséquence des hausses de coûts et des premiers impacts des tarifs douaniers.

4. La Chine, la deuxième économie mondiale, a annoncé une croissance de son PIB de 6,5 % au troisième trimestre 2018. Bien que ce résultat soit en ligne avec l’objectif du gouvernement, il n’en reste pas moins décevant. En plus de souligner la réalité de la guerre commerciale, il risque d’avoir un impact sur les cours de matières premières comme les métaux et le pétrole.

5. Ajoutez à cela les inquiétudes actuelles concernant le commerce mondial, l’appréciation du dollar, les propositions budgétaires de l’Italie et l’incertitude constante suscitée par le Brexit, et vous obtenez un véritable breuvage démoniaque. Dans ces conditions, le « coup de frousse » des marchés n’a peut-être rien d’étonnant.