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Article | 02 novembre 2023 |
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Envolée de la dette publique
Ces dernières décennies ont été marquées par une série d’événements sans précédent, poussant certains à affirmer que le monde se trouve dans un état de « permacrise ». Face aux chocs exogènes frappant leurs économies nationales, les gouvernements ont de plus en plus fait appel à l’emprunt pour financer la sortie de ces crises successives. Le FMI (Fonds monétaire international) a récemment tiré la sonnette d’alarme, en prédisant une hausse particulièrement rapide des déficits publics américains. Examinons comment ces niveaux d’endettement sont mesurés, quels efforts ont été déployés pour les contenir et leurs répercussions sur les marchés financiers.
La dette publique américaine paraît énorme par rapport à celle des autres pays, avec un total de 1,7 milliard de dollars en septembre 2023. Mais les États-Unis sont également la première économie mondiale et peuvent se permettre de rembourser un niveau de dette plus élevé. C’est pour cette raison que la dette publique n’est généralement pas considérée en chiffre absolu, mais bien en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) d’un pays. Le déficit américain a ainsi atteint 6,3 % du PIB en septembre, contre 5,4 % un an plus tôt. Le FMI prévoit que les déficits combinés des États-Unis pourraient grimper à 7,4 % du PIB en 2024.
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Dans les années qui ont suivi la crise financière mondiale, plusieurs économies de la zone euro ont connu des crises successives, qui ont poussé certaines au bord du défaut de paiement. Les principes fondateurs de la zone euro plafonnent les déficits publics à 3 % du PIB, une limite qui ne peut être franchie sous peine de pénalité. Après une envolée temporaire des dettes publiques en raison de la pandémie de Covid-19, pendant laquelle ces règles ont été suspendues, les États membres de la zone euro ont déployé des efforts importants pour réduire leur endettement. Le FMI prévoit aujourd’hui un déficit de 3,6 % du PIB en 2023 pour l’ensemble de la zone euro et table sur 2,7 % en 2024.
De l’autre côté de l’Atlantique, les énormes sommes qui ont été empruntées pendant la pandémie de Covid-19 n’ont pas encore été remboursées. Démocrates et républicains ne parviennent pas à s’entendre sur la voie à adopter, entre hausses d’impôts et réductions des dépenses. Les États-Unis ne sont pas les seuls à afficher un ratio dette/PIB en hausse. La Chine a récemment émis pour 1 000 milliards de yuans (137 milliards de dollars) d’obligations souveraines dans le but de soutenir l’économie après une série de catastrophes naturelles. Cet emprunt fera passer le ratio déficit/PIB de la Chine de 3 % à 3,8 %.
L’impact de l’augmentation des niveaux de dette publique peut souvent être détecté sur les marchés des obligations d’État. C’est une simple question d’offre et de demande. Le marché des bons du Trésor américain a beau être immense, la vague de nouvelles dettes a tout de même été difficile à absorber durant l’automne. Alors que la confiance sur les marchés financiers mondiaux est mise à mal par l’incertitude autour de l’évolution des taux d’intérêt, un afflux de nouvelles émissions souveraines a contribué à une flambée des rendements obligataires à des niveaux inédits depuis la crise financière mondiale.