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Article | 02 mai 2024 |
Depuis le début de l’année 2024, les anticipations du marché concernant la baisse des taux d’intérêt américains ont fortement évolué. Les prévisions optimistes d’une baisse de six quarts de points ont été ramenées à moins de deux d’ici la fin de l’année. Certains observateurs prédisent même que les taux seront contraints de remonter, les marchés des options anticipant une probabilité de hausse des taux de 20 %. Pourquoi un changement aussi rapide ? Examinons l’évolution du sentiment entourant les intentions de la Fed ainsi que les conséquences plus larges pour les marchés financiers.
Bien qu’elle ait peut-être modéré le cycle de hausse des taux débuté en 2022, la Réserve fédérale américaine (Fed) s’est récemment montrée résolument « dépendante des données économiques ». Depuis le début de l’année, les statistiques mensuelles montrent que l’économie américaine est plus que résiliente malgré le resserrement des taux directeurs, avec un marché de l’emploi solide et des chiffres mensuels de l’inflation systématiquement supérieurs aux prévisions. Le président de la Fed, Jay Powell, a déclaré qu’il faudra probablement « plus de temps que prévu » pour que l’inflation ralentisse de façon durable vers l'objectif de 2 % de la banque centrale, ce qui justifierait une baisse des taux d’intérêt.
Dans le même temps, les marchés des changes ont adopté le discours d'une hausse prolongée des taux d'intérêt américains, ce qui a entraîné une nouvelle hausse du dollar américain. A tel point que les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud ont publié une déclaration commune soulignant « de sérieuses inquiétudes concernant le yen et le won ». En Chine, la banque centrale a mis en garde contre des paris « unilatéraux » contre le renminbi. Et le spectre de la parité du dollar avec l’euro s’est à nouveau posé. Pourquoi la hausse du dollar est-elle importante pour ces économies ? Car il est à craindre que les importations de matières premières vitales pour ces pays, libellées en dollars, augmentent à nouveau leur taux d’inflation domestique.
Quid des baisses de taux des autres grandes banques centrales ? La Banque nationale suisse a surpris les marchés en abaissant ses taux d’un quart de point en mars. Toutefois, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont maintenu des taux directeurs restrictifs, tout comme la Fed, même si leur trajectoire de désinflation semble plus prévisible. Néanmoins, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a insisté sur le fait qu’elle n’était pas « dépendante de la Fed » et a évoqué des baisses de taux « dans un délai raisonnablement court », en l’absence de nouveaux chocs géopolitiques.
Compte tenu du repli constant des taux d'inflation dans la zone euro, la BCE pourrait être prête à abaisser ses taux d'intérêt dès le mois de juin. Alors qu’en réponse à la persistance de l’inflation sous-jacente, les prévisions de la première baisse de la Fed ont été repoussées à novembre. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les marchés connaissent une période d’incertitude. Mais la BCE aurait-elle l’audace de baisser ses taux d’intérêt avant la Fed ? « Ne combattez pas la Fed » nous dit un vieil adage, ce qui sous-entend qu’une telle action risquerait de propager la volatilité au-delà des marchés des changes.