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Article | 09 décembre 2021 | Actualités
2021 aura été l’année du vaccin et des goulets d’étranglement. Avec le déploiement des programmes de vaccination, les économies se sont redressées, mais les chaînes d’approvisionnement mondiales se sont grippées et une grave pénurie de semi-conducteurs a frappé le secteur manufacturier de plein fouet. En même temps, la hausse de la demande a entraîné une inflation des prix. Nous vous présentons la sélection des Quick Looks en cette fin d’année.
Joe Biden a bien été investi en tant que 46ème président des États-Unis. Sa nouvelle secrétaire au Trésor, qui prendra les rênes des finances, est déjà une figure publique bien connue. Janet Yellen était auparavant présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), où elle a mis en œuvre pendant plusieurs années une politique de taux d’intérêt accommodante, tout en réclamant des mesures de relance plus audacieuses de la part du gouvernement. Il n’est donc guère surprenant qu’elle recommande à présent à Joe Biden de « voir grand » pour doper la relance. Dont acte. Le président a lancé la première partie de son plan de relance économique des États-Unis, un ensemble de mesures d’un montant de 1 900 milliards de dollars US ciblant les familles et destinées à accélérer les vaccinations contre la Covid-19.
La pandémie a continué de bouleverser les échanges commerciaux. La production automobile a été pénalisée par une grave pénurie de semi-conducteurs. Les usines en Chine, au Japon, aux États-Unis et en Europe sont restées paralysées, dans l’attente de livraisons. Malgré leur petite taille, les semi-conducteurs sont essentiels, que ce soit pour les systèmes de freinage automatique, les airbags ou les sièges électroniques. Les analyses estiment les pertes de production à 1,5 million de véhicules. Il semble qu’en annulant les commandes, les constructeurs automobiles ont mal évalué le rebond de la demande l’été dernier. Les semi-conducteurs ont été pris d’assaut par le secteur des biens de consommation en plein essor. Les délais d’exécution atteignent désormais six mois.
La Réserve fédérale américaine (Fed) n’a pris aucune mesure, malgré le double problème de la hausse des rendements obligataires et de l’inflation qui entraîne historiquement des hausses des taux d’intérêt. Pourquoi la pression est-elle montée d’un cran pour la Fed ? À peine le plan de relance du président Biden d’un montant de 1 900 milliards de dollars US a-t-il été adopté sous forme de loi que des dépenses d’infrastructures de 3 000 milliards de dollars US sont déjà envisagées. Par ailleurs, l’objectif de 100 millions de vaccinations contre le Covid-19 a été atteint en moitié moins de temps que prévu. Le plan de relance, ainsi que la campagne de vaccination risquent de provoquer une surchauffe de l’économie. Toutefois, le président de la Fed est resté calme, en prédisant une embellie des perspectives économiques ainsi qu’un maintien des taux d’intérêt à des niveaux proches de zéro.
Joe Biden a passé le cap des cent premiers jours en tant que président des États-Unis. Ce jalon a été établi pour la première fois par le président Franklin D Roosevelt, élu pendant la Grande Dépression sur son engagement à aider le peuple américain. Bon nombre des premières promesses de Biden ont été tenues, et à une vitesse extraordinaire. Qu’il s’agisse du retour immédiat dans l’Accord de Paris sur le changement climatique, du plan de relance de 1 900 milliards de dollars US baptisé « American Rescue Plan » (« Plan de sauvetage américain »), de la campagne de vaccination accélérée contre le Covid-19 ou du projet de plan d’infrastructures de 2 200 milliards de dollars US, Biden a relevé le défi d’agir à grande envergure (« act big »).
Alors que les prix des certificats de Compensation Carbone de l’UE ont atteint de nouveaux sommets, le Brexit a contraint le Royaume-Uni à lancer son propre marché du crédit carbone. Les prix à l’ouverture sont ressortis nettement supérieurs à ceux en vigueur de l’autre côté de la Manche, entraînant des coûts plus élevés pour les gros pollueurs britanniques, et des profits plus importants pour les entreprises présentant de solides performances écologiques, qui peuvent vendre leurs propres crédits carbone. De son côté, Stellantis, le géant automobile issu de la fusion de Chrysler, Fiat et Peugeot, a annoncé qu’il n’aurait plus besoin d’acheter des crédits carbone de Tesla, grâce aux crédits carbone obtenus grâce au recentrage de ses activités sur les véhicules électriques.
Le groupe des nations du G7 s’est accordé sur un taux d’imposition minimal d’au moins 15 % au niveau mondial. En vertu de ces nouvelles règles, les entreprises les plus importantes et les plus rentables devront payer des impôts dans les pays où elles opèrent, et non pas seulement dans ceux où elles sont enregistrées. Cette décision pourrait sonner la fin des stratégies fiscales inventives utilisées par de nombreuses multinationales, notamment pour détourner leurs bénéfices vers des paradis fiscaux offshore. Toutefois, avant d’entrer en vigueur, l’accord devra bénéficier de soutiens supplémentaires et pas seulement des pays du G20. Il devra compter sur l’approbation des 139 pays de l’OCDE.
L’un des principaux défis des banques centrales mondiales reste la forte hausse de l’inflation. Tirée vers le haut par le prix des véhicules d’occasion, des voyages et des logements, l’inflation a bondi de 5,4 % en juin, soit son plus haut niveau en 13 ans. Si la hausse de l’inflation se cristallise, la Réserve fédérale américaine pourrait être contrainte de prendre des mesures agressives pour enrayer la surchauffe de l’économie, une politique décrite par un économiste de la Banque d’Angleterre comme une « volte-face économique ». En Allemagne, le président de la Bundesbank a appelé à ne pas minimiser le risque de l’inflation. Il a comparé l’inflation à la tortue géante des Galapagos, qui est réapparue, après avoir été classée comme éteinte depuis 100 ans.
BHP, la plus grande société minière du monde, vend sa division pétrolière et gazière, sous la pression de ses actionnaires qui souhaitent décarboniser ses activités. Fait étrange, BHP restera propriétaire de ces activités, mais de manière indirecte, étant donné que la transaction se fera en actions. Les opérations de cession des grandes entreprises du secteur de l'énergie et des ressources naturelles ne seraient-elles donc qu'une façade ? On peut craindre que de plus petits exploitants, moins responsables peut-être, ne soient tentés d'exploiter ces actifs de manière abusive, au risque d'aggraver les dommages causés à l'environnement. Les activistes considèrent que les principaux acteurs devraient gérer eux-mêmes la réduction progressive de ces opérations.
Evergrande, le géant de l’immobilier, est devenu l’un des derniers grands noms victimes du tour de vis du gouvernement chinois. La lutte contre la spéculation immobilière est résolument dans le collimateur du président Xi, qui entend éradiquer l’extrême richesse d’une minorité et promouvoir une « prospérité commune » en Chine. Evergrande, l’une des sociétés immobilières les plus endettées au monde, s’est retrouvée en difficulté lorsqu’il a été question de régler le paiement de ses intérêts. L’onde de choc a fait vaciller les marchés, le secteur immobilier représentant jusqu’à 28 % de l’économie chinoise. Dans le même temps, la pléthore d’offre reste un problème. Environ 90 millions d’appartements restent vides en Chine, soit suffisamment pour loger la population entière de plusieurs pays du G7.
La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, ou COP26, qui s’est ouverte en Écosse, réunit des dirigeants de presque 200 pays du monde entier. Parmi les grands absents figurent les présidents de la Chine et de la Russie, qui produisent ensemble un tiers des émissions mondiales. Les plans visant à atteindre zéro émission nette d’ici le milieu du siècle se concentreront sur la suppression progressive du charbon, l’élimination de la déforestation, la promotion de l’utilisation des véhicules électriques et le développement des technologies renouvelables. Au cours de la conférence Youth4 Climate, la jeune activiste Greta Thunberg a lancé un appel à l’action après « trente ans de blah, blah, blah ».
Les prix du gaz ont de nouveau bondi en Europe, pour atteindre 100 euros le mégawatt-heure, alors même que l’Allemagne a suspendu la certification du gazoduc Nord Stream 2. Par comparaison, il s’élevait à 64 euros une semaine avant. Le prix du pétrole s’est quant à lui stabilisé autour de 80 dollars US le baril, dans l’attente d’un prélèvement sur la Réserve stratégique de pétrole américaine. Au final, les 50 millions de barils prélevés, soit environ la moitié de la quantité journalière utilisée dans le monde entier, n’ont pas suffi à endiguer la flambée, et le prix du pétrole a une nouvelle fois rebondi ; incitant le président Biden à qualifier cette hausse de menace pesant sur la reprise mondiale, l’inflation ne se révélant au final pas aussi temporaire.
Alors que 2021 touche à sa fin, les sujets d’attention des marchés financiers restent les mêmes : la pandémie de Covid-19, la poussée inflationniste et les Big Tech, de même que l’urgence renouvelée d’agir contre le changement climatique. De nouvelles données sur la hausse des prix et des salaires sont attendues début 2022. La réaction des banques centrales à travers le monde sera probablement décisive pour les marchés financiers. Seul le temps nous dira comment la situation évoluera. D’ici là, nous souhaitons à tous nos lecteurs une bonne année 2022, pleine de bonheur et de réussite !