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Article | 24 juin 2022 |
Alors que le monde est confronté au défi de la transition vers un avenir sans carbone d’ici à 2050, les entreprises subissent des pressions pour exploiter leurs activités de manière plus durable afin d’atteindre d’ambitieux objectifs net zéro. Idéalement en limitant leur impact carbone. Cependant, les entreprises qui ne peuvent pas réaliser immédiatement leurs objectifs de réduction des émissions de carbone peuvent néanmoins atteindre le « net zéro » grâce à l’essor des marchés de la compensation carbone. C’est là que les entreprises peuvent acheter des permis ou des crédits d’émissions carbone générés par des projets qui nettoient notre atmosphère, l’objectif étant de compenser les émissions qu’elles n’ont pas encore réussi à éliminer. L’année dernière, grâce aux engagements des entreprises, les marchés mondiaux du carbone ont dépassé pour la première fois le milliard de dollars. Et ce en contribuant à des projets divers tels que la plantation de mangroves dans des zones humides aux Philippines, la construction d’éoliennes en Inde ou la collaboration avec des agriculteurs français qui mettent en œuvre les pratiques d’exploitation du carbone.
La plupart de ces échanges de droits d'émission de carbone ont lieu sur des marchés de conformité fortement réglementés, où des lois contraignantes obligent les principaux émetteurs de gaz à effet de serre à acheter des permis ou des crédits. Il y a ensuite les marchés volontaires du carbone (MVC), créés par des entités indépendantes, où des sociétés et des institutions, voire des particuliers, achètent des crédits pour réduire leur empreinte carbone. En théorie, un système de compensations rigoureux et bien conçu constitue un outil utile à court terme pour atteindre le « net zéro » avant de remédier à la cause profonde des émissions. Cependant, par le passé, les marchés qui mettent en relation les entreprises cherchant à compenser leurs émissions de carbone en les impliquant dans des projets d’atténuation du changement climatique ont rencontré de nombreux problèmes. Dans de nombreux cas, les programmes de plantation ont délivré des crédits, mais n’ont pas donné les résultats escomptés, souvent en raison d’un manque de rigueur. Un autre exemple est celui des incendies, comme ceux qui ont ravagé les États-Unis l’été dernier et qui ont détruit les forêts utilisées dans les programmes de compensation mis en œuvre par des entreprises telles que BP et Microsoft.
Les marchés volontaires se développent rapidement pour répondre à la demande, mais l’extension rapide des MVC présente des défis. Ainsi, le marché est truffé de projets carbone de mauvaise qualité qui n’apportent pas les bénéfices climatiques promis. De plus, dans la plupart des régions, les prix du carbone restent inférieurs aux niveaux nécessaires pour réaliser des changements permettant de respecter l’Accord de Paris, le traité international sur le climat. Il est encourageant de constater que certains signes prometteurs ont été observés l’année dernière. La Banque mondiale a indiqué que les prix du carbone avaient atteint des niveaux record dans de nombreuses régions en 2021. Des progrès ont également été réalisés dans la résolution des problèmes transfrontaliers liés à la tarification du carbone et de nouvelles règles ont été adoptées pour les marchés internationaux du carbone lors de la COP26 à Glasgow. Tout cela contribue à définir une orientation politique plus claire.
Nous pensons que les stratégies visant à éviter, réduire et remplacer les émissions de carbone devraient passer avant la compensation. Nous reconnaissons cependant que les compensations de carbone représentent un outil important pour aider le monde à atteindre le net zéro, en particulier lorsqu’il s’agit de compenser les gaz à effet de serre inévitables. Cela étant dit, en l’absence d’un marché adéquat et efficace, dont les deux axes seraient la qualité et la normalisation, le marché volontaire risque de s’effondrer. Nous pensons qu’un prix mondial du carbone serait bénéfique. L’organisation Global Compact des Nations unies a suggéré un prix de 100 dollars minimum par tonne métrique comme prix minimum nécessaire pour stimuler l’innovation et débloquer les investissements. Le rapport de la Banque mondiale paraît encourageant. Espérons que la coopération mondiale convenue lors de la COP26 de Glasgow pourra renforcer l’intégrité des MVC, en les faisant évoluer vers un marché solide et fonctionnel.