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Article | 20 mai 2022 | ESG
La réalisation de l’objectif d’une économie mondiale plus propre implique une augmentation des dépenses consacrées aux technologies d’énergies renouvelables, gourmandes en matières premières rares dont les prix montent en conséquence. Cette « greenflation » fait à son tour grimper le coût de la transition énergétique, alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué un choc des prix de l’énergie et des matières premières. De plus, le durcissement des réglementations visant à protéger l’environnement restreint également les investissements dans les nouveaux projets d’exploitation minière et d’extraction, ce qui limite l’offre de matières premières et fait grimper les prix encore davantage.
Si le monde veut parvenir à la neutralité carbone en 2050, la demande mondiale de minéraux critiques et rares devra être multipliée par six d’ici 2040. Quelles sont ces matières premières « vertes » qui font l’objet d’une telle demande ? La croissance des véhicules électriques (VE) devrait s’accélérer au cours de la prochaine décennie, sachant qu’une voiture électrique nécessite généralement six fois plus de minéraux qu’une voiture traditionnelle. Le lithium, le cobalt, le nickel, le graphite et le manganèse sont les matériaux clés. Une seule éolienne de taille industrielle nécessite trois tonnes de cuivre et une tonne de quatre terres rares pour la fabrication des aimants permanents : néodyme, praséodyme, dysprosium et terbium. Enfin, le transport de l’électricité nécessite de grandes quantités d’aluminium et de cuivre, ce dernier étant la pierre angulaire de toutes les technologies liées à l’électricité.
Il est important de noter que l’invasion de l’Ukraine par la Russie met en évidence la nécessité d’une plus grande indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles ainsi que le rôle des énergies renouvelables dans la sécurité énergétique mondiale. Cet évènement fait également apparaître le risque d’un sous-investissement dans les énergies propres. La flambée des prix de l’énergie et des matières premières depuis l’invasion suggère que le monde pourrait connaître une période prolongée de coûts énergétiques élevés, ce qui représente un risque pour les consommateurs, les entreprises et les objectifs de stabilité des prix des banques centrales. Ce coup porté à la croissance économique et l’instabilité géopolitique causée par la crise énergétique devraient, espérons-le, attirer l’attention sur la nécessité d’une économie mondiale moins intensive en carbone.
Il n’y a pas de solution miracle. Le secteur de l’énergie est gigantesque et ses technologies ne peuvent pas être développées aussi vite que celles du secteur de la technologie. Le développement des capacités peut prendre des décennies, surtout si l’on tient compte des longs délais réglementaires actuellement imposés pour obtenir les permis nécessaires à la réalisation de nouveaux projets. Il n’y a pas de solution facile. Cependant, il existe des effets de compensation. Ainsi, l’efficacité des batteries augmente et les coûts de stockage diminuent. La hausse des investissements et les progrès technologiques pourraient contribuer à résoudre les problèmes d’évolutivité et de coût de la production d’hydrogène vert, qui devrait être l’une des sources d’énergie destinées à remplacer le gaz russe. À partir de 2030, le nombre de batteries de véhicules électriques arrivant à la fin de leur « première vie » va exploser. Les experts estiment qu’avec des investissements suffisants, une partie des besoins mondiaux en métaux énergétiques propres pourrait être satisfaite par le recyclage des batteries des véhicules électriques en batteries de « seconde vie ». Les particuliers pourraient également s’efforcer de réduire leur empreinte carbone en modifiant leur mode de déplacement, d’alimentation et de vie.
Notre point de vue
Au niveau mondial, nous devrons peut-être nous habituer à des pénuries d’approvisionnement intermittentes, à des marchés désordonnés et à des périodes de forte volatilité des prix. Une initiative internationale coordonnée par les gouvernements, les banques centrales et les entreprises sera nécessaire pour garantir les investissements massifs requis pour les approvisionnements énergétiques futurs, capables de protéger l’environnement. L’effet de relance de la transition verte est un défi pour l’économie mondiale, les décideurs politiques et les consommateurs. Alors que la crise énergétique et la « greenflation » se poursuivent, les chaînes d’approvisionnement sont perturbées et les prévisions de croissance mondiale sont revues à la baisse. Le moment est venu de formuler une stratégie mondiale coordonnée pour créer un monde éthique, prospère, respectueux du climat et sûr sur le plan énergétique.