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Article | 15 janvier 2021 | Les Echos
Le potentiel des Bourses émergentes aiguise l'appétit des investisseurs internationaux.Des montants record de plus de 75 milliards de dollars y ont été investis en novembre.Le pari porte essentiellement sur l'Asie et en particulier la Chine, qui sort renforcée de la crise du coronavirus.
La pandémie « conduira à une nouvelle hiérarchie des régions » qui bénéficiera à l'Asie, a estimé cette semaine Angela Merkel en marge d'un sommet dédié au numérique. Le constat de la chancelière allemande est partagé par les professionnels de l'investissement. Ces derniers sont déjà nombreux à être revenus sur les marchés émergents.
Au cours du mois de novembre, 76,5 milliards de dollars y ont été investis (en dette et en actions), un record selon l'Institute of International Finance. Ce rebond inédit fait suite à des cessions historiquement élevées, de plus de 80 milliards en mars. Si leur ampleur est inédite, les mouvements de balancier sont habituels pour ces marchés. En cas de crise, ou lorsque la situation économique se détériore, ils servent souvent de variable d'ajustement dans les portefeuilles des investisseurs internationaux.
L'embellie pourrait bien durer. C'est l'un des consensus qui se dégage des perspectives 2021 des analystes : les marchés émergents sont voués à surperformer. Certains sont prêts à rebondir après avoir été durement frappés par la crise, quand d'autres l'ont traversée sans encombre, à l'instar de l'Asie du Nord. « Après plusieurs années où nous étions réservés sur leurs perspectives, nous avons fortement augmenté notre exposition », s'enthousiasme Xavier Hovasse chez Carmignac. « L'Asie a bien mieux géré la crise sanitaire que le reste du monde, notamment les Etats-Unis et l'Europe », ajoute-t-il.
Investir dans les marchés actions des pays émergents revient en effet à parier sur l'Asie, et plus particulièrement sur la Chine. La région pèse pour plus de 80 % de l'indice MSCI Marchés émergents, et la Chine à elle seule représente environ la moitié de cette part. Son influence est plus importante encore : avec ses importations de matières premières, elle est le premier client de nombreux pays d'Amérique latine. Or, « la Chine a réussi l'impossible exploit de sortir grandie de la crise du coronavirus », insiste John Plassard, de Mirabaud.
La crise paraît déjà loin en Chine. L'activité manufacturière est au plus haut depuis dix ans, selon l'indice IHS Markit pour Caixin. Dans les services, elle est aussi en pleine croissance, à son plus haut niveau depuis huit ans. Même en l'absence de grand plan de relance comme en 2009, elle devrait être le seul grand pays à afficher une croissance positive en 2020 (+ 1,9 % selon le FMI), et cela ne devrait pas l'empêcher de rebondir fortement en 2021 avec une croissance attendue à 8,2 %.
Même la hausse inédite des défauts d'entreprises publiques est plutôt bien vue par les investisseurs. « Les autorités chinoises ont privilégié une relance plus ciblée, quitte à laisser certaines entreprises péricliter », explique Frédéric Rollin, de Pictet AM. « C'est plutôt une bonne chose : la Chine est à la recherche d'une croissance de qualité. »
Les marchés actions nord-asiatiques affichent déjà des gains impressionnants. Les indices MSCI pour la Chine, Taïwan et la Corée du Sud ont tous bondi de plus de 20 % cette année. Même après ces hausses, les valorisations restent attractives comparées aux marchés des pays développés. Et les investisseurs restent sous-exposés aux marchés émergents. En Chine, ils ne détiennent qu'environ 3 % des actions en circulation, d'après les données compilées par la Société Générale. Le contexte international s'annonce par ailleurs bien plus porteur l'année prochaine. L'activité devrait rebondir fortement, avec le déploiement des vaccins. Et beaucoup espèrent un apaisement des tensions commerciales avec l'arrivée de la nouvelle administration américaine.
Mais les grands gagnants de 2021 ne seront pas forcément les mêmes que cette année. Comme leurs homologues américains, les géants chinois de l'Internet sont confrontés à des pressions réglementaires, à l'instar d'Alibaba et de sa filiale Ant Financial, dont l'introduction en Bourse a récemment été annulée. L'Asie n'échappe pas non plus à la rotation sectorielle des dernières semaines : les secteurs les plus touchés par la crise sont désormais les plus recherchés par les investisseurs. Ces tendances devraient profiter aux infrastructures digitales et vertes en Chine, grâce au déploiement de la 5G et à l'accent mis sur la lutte contre le changement climatique. Ailleurs en Asie, plutôt que Taïwan dont le marché est très concentré autour d'entreprises de la tech, les analystes de la Société Générale privilégient la Corée du Sud et l'Indonésie. L'Inde profite de sa croissance démographique. La Banque du Liban rechigne à rendre des comptes. La Corée du Sud peut encore progresser. Le Brésil est prêt à rebondir.
Author: Bastien Bouchaud
Original article: 2020-12-04