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Article | 04 octobre 2023 | Actualités
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La re-mondialisation: de quoi s’agit-il ?
Ces dernières années, marquées par la pandémie mondiale et les tensions géopolitiques, ont été caractérisées par une période de démondialisation du commerce mondial. Toutefois, malgré la perturbation de l'ordre commercial établi, avec ses chaînes d'approvisionnement étendues, de nouveaux modèles commerciaux continuent d'émerger. Ils conduisent à la formation de différentes relations d'approvisionnement au niveau mondial. Examinons l'évolution de ces tendances, décrites par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans son rapport annuel, comme une « re-mondialisation ».
Tout d'abord, revenons à l'ère de la mondialisation. Cette ère a commencé au début des années 1990, lorsque les économies de marché développées ont commencé à externaliser la production de composants vers les économies mondiales à faible coût. L'objectif était d'accroître l'efficacité et, en fin de compte, de réduire les coûts. La méthode consiste simplement à décomposer le processus de production en différentes étapes. Celles-ci pourraient ensuite être mises en œuvre dans d'autres économies largement répandues dans le monde, en tirant parti des spécialisations régionales. L'économie chinoise était si bien adaptée à cette tendance que la Chine a rapidement été surnommée « l'usine du monde ».
L'arrivée de la pandémie de Covid-19 début de 2020 a sonné le glas de la mondialisation des échanges. La perturbation de chaînes d'approvisionnement bien huilées a entraîné des inefficacités, des goulets d'étranglement et une augmentation des coûts, qui ont fini par alimenter l'inflation. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 a provoqué de nouvelles fractures dans les schémas commerciaux mondiaux, alors que les alliances mondiales étaient remises en question. Les fabricants multinationaux se sont empressés d'établir des alliances de « re-shoring » ou de « friend-shoring », afin de garantir l'approvisionnement de leurs composants. Ces nouvelles alliances peuvent prendre du temps à se mettre en place, mais elles finiront par déboucher sur des chaînes d'approvisionnement mondiales plus diversifiées.
Cette nouvelle intégration mondiale du commerce est décrite comme une re-mondialisation. Il s'agit pour les entreprises de réorienter leurs chaînes d'approvisionnement vers des pays alliés, même s'ils ne sont pas encore les fournisseurs les plus efficaces. Malgré les difficultés évoquées
ci-dessus, l'OMC constate que le commerce mondial continue de prospérer, en partie grâce à l'expansion des services numériques et du commerce des biens environnementaux. En 2022, la valeur du commerce mondial de marchandises a augmenté de 12 % pour atteindre 25 300 milliards de dollars. De nouvelles relations commerciales remplacent les chaînes d'approvisionnement perturbées par les forces géopolitiques. Pour les entreprises multinationales, l'accent est désormais mis sur leur résilience et leur fiabilité.
L'OMC encourage une plus grande coopération entre des partenaires commerciaux qui ne se connaissaient pas auparavant et qui sont confrontés aux défis de la sécurité nationale, de l'inégalité des richesses et du changement climatique. Des études ont montré que les économies émergentes telles que l'Inde, le Viêt Nam et l'Indonésie devraient en tirer profit, compte tenu de leurs coûts de production et de leurs profils démographiques. Les bénéficiaires des marchés développés seront des économies telles que l'Allemagne, qui jouit de niveaux élevés de productivité et de liberté d'entreprise. Alors que la Chine pourrait perdre sa place d'usine du monde, la re-mondialisation n'est probablement pas le signe d'un pic de la croissance économique chinoise, mais plutôt de la nécessité de s'adapter et de tirer parti de nouvelles alliances commerciales.