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Article | 27 juillet 2022 |
En prenant ses fonctions, le président Joe Biden espérait être le président le plus écologique de l’histoire des États-Unis, avec des projets ambitieux pour lutter contre la menace du changement climatique. À chaque étape du processus cependant, le Congrès et la Cour suprême lui ont fait barrage. En juin dernier, cette dernière a porté un nouveau coup en limitant le pouvoir du principal régulateur environnemental, l’Agence de protection de l’environnement (EPA). La Cour a statué que le gouvernement ne pouvait pas établir de plans à grande échelle pour détourner la production d’électricité du charbon et que l’EPA n’était plus habilité à réglementer les émissions de carbone. Cette décision met fin au projet de l’ère Obama visant à remplacer les centrales au charbon par des sources renouvelables sur l’ensemble du réseau énergétique américain.
En raison du rétrécissement rapide de la marge de manœuvre des États-Unis pour atteindre le net zéro, l’administration actuelle a commencé à faire preuve de créativité pour faire baisser les émissions. Joe Biden a récemment invoqué le Defense Production Act (DPA), qui accorde au Président des pouvoirs spéciaux en cas d’urgence vitale pour la nation. Afin d’atteindre ses objectifs, le président américain a autorisé l’utilisation de ses pouvoirs exécutifs pour accélérer la production nationale de technologies d’énergie propre - comme les panneaux solaires et les pompes à chaleur - destinées à être utilisées dans les bâtiments. Compte tenu de ce retour en arrière de la réglementation américaine sur le changement climatique, faire appel au DPA pour atteindre des objectifs écologiques pourrait devenir de plus en plus fréquent pour mettre en œuvre la politique climatique de la Maison-Blanche.
Ce coup dur intervient à un moment charnière pour le programme climatique de M. Biden. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a provoqué une crise énergétique en Europe et fait monter en flèche les prix de l’essence aux États-Unis. Cette situation a créé une crise politique pour le président, qui a dû proposer de réduire les taxes sur les carburants et de libérer des millions de barils de pétrole des réserves stratégiques américaines, tout en demandant aux compagnies pétrolières américaines d’augmenter l’offre de pétrole. Par ailleurs, lors d’une récente réunion du G7, les États-Unis figuraient parmi les signataires s’engageant à financer publiquement les infrastructures, bloquant ainsi des décennies d’investissements dans les infrastructures de combustibles fossiles. Encore un autre signe de l’emprise de l’industrie des combustibles fossiles sur la politique américaine, qui sape les mesures prises par le deuxième pollueur mondial en vue d’atteindre la neutralité carbone.
Le président Joe Biden semble se trouver à un stade crucial de sa présidence, avec en ligne de mire les prochaines élections de mi-mandat. Il semble y avoir une énorme contradiction : d’un côté, le président fait avancer l’agenda climatique, mais de l’autre, il augmente la production de pétrole, ce qui en décourage plus d’un. Le champ d’action des États-Unis se rétrécit rapidement et nous espérons que Biden pourra surmonter les inquiétudes actuelles concernant la montée en flèche de l’inflation et la politique intérieure, ainsi que le lobbying des entreprises de combustibles fossiles, et s’en tenir à son engagement de montrer l’exemple.